Longtemps resté mystérieux à bien des égards, le syndrome de l'intestin irritable commence à livrer ses secrets. Cette meilleure compréhension permet d'améliorer la prise en charge. Même si plusieurs facteurs semblent impliqués, l'hypothèse la plus sérieuse repose sur une intolérance à certains aliments, probablement due à un déséquilibre de la flore intestinale.
Ballonnements, maux de ventre, constipation, diarrhées… C'est le lot presque quotidien des personnes souffrant d'un symptôme de l'intestin irritable (SII), même si, heureusement, la variété, la fréquence et l'intensité de ces symptômes varient d'une personne à l'autre. En fait, le SII se caractérise par une douleur abdominale chronique associée à des troubles du transit plus nets lors des poussées douloureuses. 
Une maladie très difficile à vivre au quotidien
Après diagnostic, le patient reste tout de même démuni face à ce syndrome puisqu'il n'existe pas, à l'heure actuelle, de réels traitements hormis les traitements symptomatiques destinés à soulager les symptômes. "Par eux-mêmes, les patients avaient remarqué que certains aliments avaient plus tendance à les faire souffrir que d'autres, déclare le Pr Ducrotté. Mais les médecins n'y accordaient que très peu d'importance. Les seules recommandations diététiques se limitaient à inciter à consommer des fibres mais sans exclure des aliments".Connues pour leurs effets bénéfiques sur le transit, les fibres étaient censées pouvoir apporter un meilleur confort digestif pour les malades. "Mais aujourd'hui, avec les nouvelles connaissances acquises, ces recommandations ont évolué" précise le Pr Ducrotté. En effet, plusieurs études ont réussi à faire avancer les connaissances sur ce mystérieux trouble qui rend difficile la vie des malades.
Quatre pistes sont actuellement à l'étude :
- Un dysfonctionnement du système nerveux entérique, ce "deuxième" cerveau qui se situe dans notre ventre : sa communication avec le système nerveux central serait troublée.
- Une perméabilité intestinale accrue, observée chez 50 % des malades.
- Un excès des cellules immunocompétentes des membranes de l'intestin et même, chez certains patients, une inflammation. "La piste de l'inflammation est très étudiée et semble prometteuse, même si cela n'a rien à voir avec d'autres maladies digestives comme la maladie de Crohn par exemple" nuance le Pr Schneider.
- Une dysbiose, c'est-à-dire un déséquilibre au niveau de la flore intestinale également appelée microbiote intestinal : certaines bactéries ne sont pas présentes dans les mêmes proportions que chez les gens sains.
De l'importance du microbiote
Ces dernières années, de nombreuses recherches ont porté sur le microbiote, parfois même décrit comme un organe à part entière. Ces bactéries qui peuplent nos intestins ont quatre grandes fonctions principales : la dégradation de composés d'origine alimentaire (les fibres par exemple), la production de vitamines (K, B12, B8…), le développement du tube digestif et surtout les défenses immunitaires.Ainsi, diverses études menées sur le sujet ont montré que chez les patients atteints de SII, il y a moins de bactéries qui utilisent du lactate et plus de bactéries qui utilisent le sulfate : la fermentation intestinale sera donc plus importante que chez une personne saine. Or, ce déséquilibre aboutit à une production accrue d'hydrogène qui peut être directement mesuré dans l'air expiré1.
"L'une des premières conséquences de cette découverte fût la remise en cause de la recommandation sur une consommation accrue de fibres puisqu'un enrichissement peut être délétère, les fibres insolubles pouvant avoir un effet aggravant, explique le Pr Ducrotté. Pour le Pr Schneider, "au final, le rapport bénéfice/risque est largement bénéfique car les fibres stimulent le transit et favorise la production de gaz, fonctions essentielles. C'est le fait de faire fonctionner le tube digestif qui est problématique pour ces personnes particulièrement sensibles".
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