mardi 22 mai 2012

Clichy: "J'en sors grandi"

Auteur d'une fin de saison canon avec Manchester City, Gaël Clichy a rejoint l'équipe de France en pleine confiance. Le champion d'Angleterre estime avoir grandi cette saison chez les Citizens, et veut en faire profiter les Bleus. Et même s'il sait que Patrice Evra part avec une longueur d'avance en vue du poste de latéral gauche à l'Euro, l'ancien Gunner entend jouer sa carte.
Gaël, un mot sur cette équipe d'Angleterre que vous connaissez bien...
Elle fait partie des meilleurs équipes du monde, ses joueurs évoluent à Arsenal, Tottenham, Chelsea, United... Après on sait très bien qu'en football il ne suffit pas d'avoir 23 très bons joueurs, il faut que la mayonnaise prenne. Et j'espère qu'elle ne prendra pas cette année. On les a joués chez eux, on a gagné. Il faudra s'en souvenir.

En avez-vous parlé avec certains joueurs ?
Bien sûr, depuis que le groupe a été tiré. Notamment avec Theo Walcott, qui est l'un de mes très bons amis. Mais c'est sûr que si on peut les "taper", je ne sais pas, 30-0, je serais content et tant pis pour eux. Ce sera un match difficile. Je connais la plupart d'entre eux, cela fait neuf ans que je joue avec ou contre eux. Mais aujourd'hui, il n'y a plus trop d'amis.

L'autre particularité, c'est que son sélectionneur vient tout juste d'être nommé...
Oui mais la différence c'est que notre sélectionneur doit être un peu partout, en Espagne, en Italie, en France, en Angleterre pour surveiller tout le monde. Hodgson, lui, a été entraîneur de West Ham. Il a joué chaque week-end contre tous ces joueurs qu'il connaît très bien depuis de longues années. Ce n'est pas un problème. Et pour en avoir parlé avec les joueurs, c'est quelque chose qu'ils apprécient. Il a très bonne réputation en Angleterre.

Wayne Rooney sera suspendu pour ce premier match. C'est a priori un avantage...
Rooney, on le connaît, il est difficile à marquer mais c'est un joueur de ballon. Mais ça fait maintenant deux ans que je joue contre Andy Carroll, de Liverpool, et c'est un joueur qui peut vraiment faire mal. S'il faut rentrer dans le poteau pour marquer, il va casser le poteau. C'est difficile de jouer contre ces joueurs-là. Et je ne sais pas si ce n'est pas mieux de jouer Rooney que Carroll. Mais il ne faut pas se dire que sans Rooney ce sera un match facile. Il faudra qu'on soit forts.

Vous avez disputé le titre de champion d'Angleterre à votre concurrent en équipe de France, Patrice Evra. C'est une situation particulière ?
Non. Aujourd'hui, je suis sans doute plus souriant que lui, et c'est difficile de mettre le championnat de côté car c'est quelque chose d'assez beau à vivre. Mais on n'est plus à City, plus à United, il faut mettre ça de côté et tirer dans le même sens. On a tous le même objectif, et le sélectionneur est là pour faire les choix. La concurrence doit être bonne, elle sera bonne.

"Je mérite ma place"

Pensez-vous que le choix de Laurent Blanc est arrêté pour votre poste ?
En sélection, c'est différent de ce qu'il se passe en club, où un entraîneur peut voir comment son joueur évolue sur deux ou trois semaines. En sélection, le temps est réduit, il faut une hiérarchie. Aujourd'hui, la hiérarchie est là. C'est à moi de faire le maximum pour avoir mes chances. En 1996, durant l'Euro, Lilian Thuram et Bixente Lizarazu sont entrés dans l'équipe durant la compétition, et ils y sont restés pendant dix ans. On parle de "Monsieurs" du football français, mais ça veut dire que la porte reste ouverte pour un joueur en forme durant la compétition. Mon rôle est d'être la meilleur doublure si on me le demande, et le meilleur n°1 si on me le demande. Je ne me pose pas de question, c'est ce que j'ai fait cette année avec City. On voit où ça m'a mené.

Gardez-vous à l'esprit que sans l'absence d'Eric Abidal, vous n'auriez peut-être pas été sélectionné ?
Je suis fier, et je pense que je mérite ma sélection. Maintenant, je sais très bien que si Eric avait été là, les choses auraient peut-être été différentes. Pour être honnête, j'aurais préféré que ce soit lui qui vous parle, et être à la maison, parce qu'on connaît les raisons de son absence. C'est un petit message pour lui. J'espère qu'il va bien. Maintenant, si je suis conscient de ça, je sais aussi que je suis champion d'Angleterre, et que je mérite ma place.

Et pour l'avenir ? Patrice Evra est plus âgé que vous...
Vous savez, j'ai côtoyé des joueurs comme Dennis Bergkamp, qui a joué jusqu'à plus de 35 ans. "Pat", ça fait six ans qu'il est à United, l'un des meilleurs clubs d'Europe, il a encore de belles années devant lui. Je me tromperais en pensant qu'il va me donner sa succession aussi facilement. Mais vu ce que je fais avec City, il n'y a pas de raison que je ne fasse pas partie du groupe France.

Avez-vous l'impression d'avoir progressé lors de cette saison à City ?
Quand j'ai signé là-bas cet été, j'ai dit aux gens que même si City, historiquement, n'est pas un grand club, c'est un grand club en devenir. Il faut voir les moyens et les joueurs qu'il y a. Je suis parti à City pour passer une étape, parce que c'était l'équipe qui allait me faire passer un cap. Je pense que j'ai fait une belle saison, que j'ai changé, et que je mérite ma sélection. J'ai progressé, dans la continuité de ce que j'ai fait à Arsenal. Je suis content d'avoir fait ce choix. A 26 ans, soit je restais à Arsenal et je ne connaissais rien de nouveau. Soit je partais et je prenais des risques. Il me faudra confirmer l'année prochaine, mais j'avais envie de montrer aux gens que je pouvais être un joueur différent. Je sors grandi de ce transfert.

Plus fort défensivement ? Plus agressif ?
Chaque joueur à sa façon de jouer. Quand on regarde ce qu'Adil Rami peut faire, quand il envoie un attaquant dans les tribunes sur un tacle, vous n'allez pas me voir faire ça. Chacun à sa manière d'être agressif. C'est aussi dépendant du contexte, de l'équipe, des joueurs qu'il y a autour de moi. Si j'avais fait la même saison, sans avoir été champion d'Angleterre, on aurait peut-être moins parlé de moi.

Vous sentez-vous capable d'endosser un rôle de leader en équipe de France ?
Non, je peux être un leader sur le terrain, mais pas dans le vestiaire. Je suis là, je mérite ma place, mais je sais que le forfait d'Eric (Abidal) me libère un peu de la place, alors je ne vais pas me proclamer en leader. J'espère qu'il (Laurent Blanc) trouvera ses leaders, parce qu'on en a besoin. Après, cela fait depuis que j'ai quinze ans que j'entends parler d'un joueur comme Philippe Mexès. Si aujourd'hui Philippe Mexès n'est pas un grand défenseur en Europe, et ne mérite pas ce statut de leader, personne ne le mérite.

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