mercredi 7 novembre 2012

LA BOÎTE A MERVEILLES , résume , personnage= 1 bac


RESUME

 
        Sidi Mohammed commence par évoquer la maison où il habitait à Fès ( Dar Chouafa) avec d’autres familles. Ensuite, il rapporte quelques scènes qui se déroulaient chez la voyante au rez-de-chaussée avant d’enchaîner avec ses mornes journées au Msid. A l’âge de six ans, il pouvait accompagner sa mère au bain maure (Hammam) qu’il qualifie de véritable « enfer ». La narration de cet épisode est constamment ponctuée de de--SS--ions   relatives au caractère de Lalla   Zoubida, la mère du jeune garçon, qui cherche le moindre prétexte pour déclencher une querelle, surtout avec Rahma, sa voisine. Contrairement à son épouse, Maâlem Abdeslam fait montre d’une grande sérénité qui lui attire la sympathie et le respect de tous les voisins.

AXES DE LECTURE

I- Dar chouafa

 
L’architecture de la maison est très importante. Ce lieu que partagent plusieurs familles est composé d’un rez-de-chaussée réservée à   la voyante, d’un premier étage occupé par Rahma, son mari et sa fille Zineb, et d’un deuxième étage habité par la famille de Fatma Bziouya et la famille du narrateur. Il s’agit d’une habitation collective qui donne sur un patio commun. L’architecture de la construction est faite selon le schéma traditionnel d’une halqa. Cette disposition permet au jeune héros de voir et d’entendre tout ce qui se passe pour nourrir son récit.

II- Les adultes

C’est en côtoyant les adultes ou en les observant que Sidi Mohammed découvre leur vérité, une vérité qui n’est pas toujours rassurante. Contrairement aux enfants de son âge, l’enfant ne se contente pas de regarder. Il veut comprendre : « Moi, je ne voulais rien imiter, je voulais connaître. »
 
II-1- Le bain maure
Le narrateur précise d’emblée son   âge ( six ans). Cette indication est importante   pour la relation de certains faits. En effet, si l’enfant était plus âgé, il ne pourrait pas accompagner sa mère au hammam et décrire les scènes qui s’y passent : « J’avais peut-être six ans. Ma mémoire était une cire fraîche et les moindres événements s’y gravaient en images ineffaçables. »
Le héros constitue progressivement sa personnalité. L’entrée dans le monde féminin via le bain maure lui permet de découvrir un univers inconnu, mais également de décrire un lieu traditionnel caractéristique de la culture marocaine, un lieu dont il garde un souvenir des plus amers: « Je savais qu’au fond d’un boyau noir et humide, s’ouvrait une porte basse d’où échappait toute la journée un brouhaha continu de voix de femmes et de pleurs d’enfants. La première fois que j’avais entendu ce bruit, j’avais   éclaté en sanglots parce que j’avais reconnu les voix de l’Enfer telles que mon père les évoqua un jour.   
           
II-2- La dispute
La dispute entre Lalla Zoubida et Rahma est apparemment anodine, mais pour l’enfant, elle revêt une grande importance parce qu’elle révèle des traits de caractères des adultes. Les deux femmes se lancent mutuellement des insultes qui les rabaissent toutes les deux. Elles sont observées par un enfant qui reste consterné devant la violence des leurs propos :
- De notre fenêtre du deuxième étage, pâle d’angoisse et de peur, je suivais la scène, alors que ma mémoire d’enfant enregistrait les phrases violentes. 
- Je n’en pouvais plus. Mes oreilles étaient au supplice, mon cœur dans ma poitrine heurtait les parois de sa   cage . Les sanglots m’étouffèrent et je m’écroulais aux pieds de ma mère, sans connaissance.
CHAPITRE II
 
RESUME
 
Le narrateur   se rappelle les journées passées à l’école coranique sous le regard sévère du fqih. Il fait également allusion à la visite de Lalla Aïcha qui finit par convaincre sa mère   de l’emmener à Sidi Boughaleb pour conjurer le mauvais sort qui le frappe. Serré de près par Lalla Zoubida, le jeune garçon se contente d’observer le cimetière où s’érige le mausolée du saint. Le rituel exécuté par les deux femmes près du catafalque éveille sa curiosité.
        De retour à la maison, l’enfant rapporte les discussions entre   les voisines de Dar Chouafa et définit la nature du métier pratiqué par son père. Il poursuit son récit   en relatant d’autres   épisodes   qui l’ont marqué, notamment le présent offert par Rahma, un   cabochon qu’il cache jalousement dans sa Boîte à Merveilles.


AXES DE LECTURE
I- Le Msid
Dans ce lieu de l’enseignement traditionnel marocain, l’enfant est confié aux soins d’un adulte, le fqih, qui inspire une grande terreur aux élèves. Il est décrit comme « un grand maigre à barbe noire, dont les yeux lançaient constam-ment des flammes de colère . »
Comme   de   nombreux   auteurs   marocains
( Charaïbi    et   Khatibi    entre   autres ),   Sefrioui
considère   le Msid   comme   un   lieu de punition :
« A   six   ans,   j’avais   déjà   conscience   de l’hos -
tilité    du   monde   et   de   ma   fragilité. Je connais
sais   la   peur ,   je   connaissais   la souffrance   de
 la   chair au   contact   de   la baguette de cogna-
Ahmed    Ben Ali Rbati, Ecole coranique à Tanger.
  ssier Mon   petit   corps tremblait …. »                                                                  
                     
II- Pratiques et croyances
L’enfant se montre très attentif aux gestes et aux   paroles des adultes. Ses observations s’intéressent
aussi bien aux pratiques qu’aux croyances des « grandes personnes » qui représentent la mentalité des gens de la société traditionnelle marocaine :
- Elle souffrait d’une terrible migraine. Pour enrayer le mal, elle avait les trempes garnies de rondelles de papier bleu copieusement enduites de colle de farine.
- Les yeux du monde sont si mauvais, le regard des envieux a éteint l’éclat de ce visage qui évoquait un bouquet de roses. Te souviens-tu de ses joues qui suaient le carmin ?(…)
- Je peux te donner un conseil, dit Lalla Aîcha ; montons tous les trois cet après-midi à Sidi Boughaleb (…) Si tu lui faisais boire de l’eau du sanctuaire, il retrouverait sa gaieté et sa force.(…) Ma mère trouva un gobelet et me fit boire. Elle se versa un peu de liquide dans le creux des mains et sur ses chevilles. Tout en procédant à ce rituel, elle marmonnait de vagues prières, des invocations…(…) En arrivant devant le catafalque, Lalla Aîcha et ma mère se mirent à appeler à grands cris le saint à leur secours. L’une ignorait les paroles de l’autre, chacune lui exposait ses petites misères, frappait du plat de la main le bois du catafalque, gémissait, suppliait, vitupérait contre ses ennemis.(…) La gardienne ouvrit ses deux mains, reçut le don et entama une longue oraison.
Lalla Zoubida   emmène son fils à Sidi Boughaleb pour le protéger contre le mal qui le guette, or c’est précisément dans le mausolée du saint que le mal le frappe. L’incident du chat ne risque-t-il pas de brouiller les repères du jeune garçon qui éprouve la souffrance physique là où il espérait trouver la paix de l’âme ?
                Bab Boujloud à Fès
- Il me regarda de ses yeux jaunes, ronronna et m’envoya un magistral coup de griffe. Le sang gicla. Ma main se mit à me cuire atrocement. Je poussai un cri (…) La blessure me faisait mal et je hurlais…
III-Un univers de contes
Ne pouvant pas s’affirmer au milieu des adultes, l’enfant crée son propre monde, un monde imaginaire plein de merveilles. La boîte où il cache des objets hétéroclites lui procure d’intenses moments de bonheur tout comme les créatures dont il est le seul à comprendre le langage :
- Installé dans un coin de la pièce, j’osai enfin le regarder. C’était un gros cabochon de verre à facettes, taillé en diamant, un bijou fabuleux et barbare provenant à n’en pas douter de quelque palais souterrain où demeurent les puissances de l’Invisible . Etait-ce un messager de ces lointains royaumes  ? était-ce un talisman ? Etait-ce une pierre maudite qui m’était remise par notre ennemie pour attirer sur nous la colère des démons ? (…) Il prendra place dans ma Boîte à Merveilles et je saurai découvrir ses vertus.
- Deux moineaux viennent se poser sur le mur du patio, je les entendais sautiller d’un endroit à l’autre, frappant l’air de leurs courtes ailes. Ils discutaient avec passion et je comprenais leur langage …(…) Je comprenais le langage des oiseaux et bien d’autres bêtes ….

CHAPITRE III

 
RESUME
 
Après avoir brièvement parlé de l’école coranique et du cadeau qui lui a été donné par Rhama, Sidi Mohammed s’émerveille à la vue de la lampe à pétrole qui éclaire la chambre de fatma Bziouya. Sous l’insistance de sa mère, son père finit par en acheter une à son tour. L’introduction de ce moyen d’éclairage moderne dans la maison illumine la vie de toute la famille. Parmi les autres épisodes caractéristiques de ce chapitre, figure celui qui est consacré à la disparition de Zineb au mausolée des Idrissides et au repas offert par Rahma aux mendiants pour remercier Dieu de lui avoir rendu sa fille.

AXES DE LECTURE
I- Un lieu de souffrance

Nous avons déjà parlé de la sensation d’oppression que ressent Sidi Mohammed au Msid. Cette école est encore une fois assimilée à un lieu de torture. Espace clos plongé dans une chaleur étouffante, elle ravive le désarroi des enfants surveillés de près par un fqih sévère :
- Mes doigts me faisaient mal à force de cogner sur ma planchette de buis (…) Le maître somnolait, sa longue baguette à la main (…)
-   J’avais chaud aux joues. Mes trempes bourdonnaient(…)
- Le maître se réveilla, distribua au hasard quelques coup de baguette et se rendormit.
- Nous étions heureux quand commençaient ces litanies. Elles signifiaient la fin de nos souffrances.(…) Enfin, le maître nous libéra un à un.

II- La vie en collectivité

La lampe à pétrole acquise par Fatma Bziouya est une nouveauté qui révolutionne la vie à Dar Chouafa. Le fait d’introduire un objet moderne dans un espace profondément ancré dans la tradition interpelle tous les habitants   de la demeure des plus petits aux plus grands :
- Que dis-tu ? Une lampe ? Attends, j’arrive.
- Oh ! merveille ! Au centre du mur, une lampe à pétrole était accrochée. Une flamme blanche et paisible dansait imperceptiblement dans un verre en forme de clarinette.
- Vous devriez en acheter une, la chambre paraît plus accueillante et plus gaie.
- Tous les gens « bien » s’éclairent au pétrole, dit-elle pour conclure.
- Je rêvais cette nuit d’une belle flamme que je réussis à tenir prisonnière dans mon cabochon de verre taillé en diamant.
- La chouafa qu’on appelait « Tante Kanza » monta admirer notre nouvelle acquisition.
III- La disparition de Zineb
 
III- 1- La solidarité dans le malheur
La disparition de Zineb   révèle   la grande solidarité des habitants de Dar Chouafa dans les moments difficiles. Lalla Zoubida   qui s’est disputée avec la mère   de la fille égarée est la première   à aller aux nouvelles : «  Ma sœur ! Ma pauvre sœur !   Que t’est-il arrivé. Nous pouvons peut-être te venir en aide. Cesse de pleurer, tu nous déchires le cœur. »
- Toutes les femmes entourèrent Rahma la malheureuse.
- La nouvelle de cette disparition se propagea instantanément dans le quartier. Des femmes inconnues traversèrent les terrasses pour venir prendre part à la douleur de Rahma.
Le repas offert aux mendiants par Rahma permet au   narrateur de décrire d’autres aspects de la culture traditionnelle marocaine où   le social se mêle au religieux : préparation de la nourriture, accueil des invités, distribution des plats, chants qui accompagnent la cérémonie, fête improvisée par les femmes, etc.
 
III- 2- L’imitation des adultes
 
  Sidi Mohammed n’a aucune envie de se lamentent sur le sort de Zineb surtout qu’il n’aime pas cette dernière ( Sa disparition me réjouissait beaucoup). Mais en se trouvant au milieu des adultes qui pleurent à chaudes larmes, il cède à l’envie de les imiter parce que les adultes veulent que ça se passe ainsi :   « Il semblait que la bienséance l’exigeait ; je pleurais aussi parce que ma mère pleurait et parce que Rahma qui m’avait fait cadeau d’un beau cabochon   de verre   avait du chagrin. » Cependant, la raison de cette crise de larmes, comme le révèle le narrateur un peu plus loin, n’a rien à voir avec la prétendue compassion avec la mère affligée :  « Cela m’est égal qu’on ne retrouve pas Zineb, je pleure parce que j’ai faim. »

IV- Un monde merveilleux

Quand Sidi Mohammed se sent triste, il ouvre sa Boîte à Merveilles et contemple longuement ses trésors dont il est le seul à pouvoir sonder les secrets. Il leur parle, les caresse et les protège. Ce sont ses vrais amis ; ils lui permettent de vivre dans le rêve ce qu’il ne peut pas vivre dans la réalité :
- Je sortis ma boîte, la vidai sur un coin du matelas, regardai un à un mes objets (…)
Ce soir, ils ne me parlaient pas. Ils gisaient inertes, maussades, un peu hostiles. Ils avaient perdu leur pouvoir magique et devenaient méfiants, secrets (…)
- Ils se réveillèrent dans le noir pour se livrer à mon insu à des feux fastueux et délicats (…)
- Mon innocent cabochon de verre grandit, se dilata, atteignit les proportions d’un palais de rêve, s’orna de lumière et d’étoffes précieuses. Les clous, les bouchons de porcelaine, les épingles et les perles changés en princesses, en esclaves, en jouvenceaux, pénétrèrent dans ce palais, jouèrent de douces mélodies.
Mais ce voyage dans le monde merveilleux est constamment brisé par le retour à la triste réalité : L’enchantement disparut, je trouvai simplement un cabochon de verre, des boutons et des clous sans âme et sans mystère. Cette constatation fut cruelle. J’éclatai en sanglots. Ma mère survint, parla de fatigue, m’emmena dormir.
 
 

 

CHAPITRE IV

RESUME
         Sidi Mohammed et sa mère   rendent visite à Lalla Aïcha qui habite une maison simple mais où il fait bon vivre. L’enfant   suit   attentivement   la conversation   des deux femmes qui parlent des voisines et de bien d’ autres sujets. Les gamins de la maison invitent le jeune garçon à jouer au jeu de la mariée avec eux, un jeu qui se termine, naturellement, par une dispute. De nouveau placé à côté de sa mère, le narrateur prête l’oreille à tout ce qui se dit. Après le retour de Moulay Larbi, les deux femmes se séparent provisoirement. Lalla Aïcha rejoint aussitôt son invitée et lui confie son malheur : son mari a été trahi par son associé et risque de comparaître devant le pacha. Cette triste nouvelle accable Lalla Zoubida qui fait part de son chagrin à Maâlem Abdeslam une fois rentrée chez elle.
 
AXES DE LECTURE
I- Récits vécus et récits racontés
 
Certains événements sont racontés par le narrateur   qui se base sur ce qu’il voit et ce qu’il ressent. Dans cette catégorie entrent les séquences consacrées au Msid, au bain maure et à la visite de Sidi Boughaleb entre autres. Mais il y a d’autres faits dont la relation est confiée à d’autres personnages parce que Sidi Mohammed   n’a pas pu obtenir, pour une raison ou pour une autre, les informations nécessaires pour étoffer son récit. Dans cette deuxième catégorie entre le récit que   Lalla   Zoubida fait à son mari à propos de la mésaventure de Moulay Larbi. Le narrateur justifie ce choix dans un passage qui montre clairement qu’il manque de détails pour se prononcer sur l’affaire  secrète  : « Ma mère discutait à demi-voix avec son amie. Je n’osais pas m’en approcher. J’entendis le mot « pacha » plusieurs fois au cours de leur mystérieux dialogue. »
Le malheur arrivé au mari de Lalla Aïcha est rapporté par la mère du narrateur qui, toujours fidèle à ses habitudes, informe son époux de tout ce qui s’est passé pendant la journée. Ce n’est qu’à ce moment-là que   le jeune garçon   apprend, en même temps que le lecteur, de quoi il s’agit : «  Moulay Larbi, le mari de Lalla Aïcha s’est disputé avec son associé, un certain Abdelkader fils de je ne sais qui… ».
II- L’intérêt du récit oral

Abdellah l’épicier exerce une influence considérable sur le narrateur à cause des histoires qu’il raconte avec éloquence. La manière dont son père parle de ce personnage singulier suscite en lui un sentiment de grande admiration pour le conteur hors pair :  « Mon père qui ne parlait pas souvent consacra une soirée entière à entretenir ma mère d’Abdellah, et de ses histoires. Le récit de mon père excita mon imagination, m’obséda durant toute mon enfance. »
La découverte du conteur permet à Sidi Mohammed   de découvrir un autre type d’hommes qui sont marginalisés et qui mènent une vie très simple. Ils sont la preuve vivante   que c’est le menu peuple   qui détient l’âme de la culture marocaine :   Abdellah connaît bon nombre d’histoires. Celles qu’‘il raconte sont rarement amusantes. Elles se terminent brusquement, sans recherche d’effets, sans conclusion apparente (…) Abdellah ressemble étrangement à ses histoires. Il y a de la poésie et du mystère en lui (…) Il en a raconté des histoires, Abdellah, depuis son arrivée ! Il ne répète jamais la même et semble inépuisable. Il en raconte aux enfants, aux grandes personnes, aux citadins et aux campagnards, à ceux qui le connaissent comme aux visiteurs d’un jour.(…) Les histoires d’Abdellah durent parfois un quart d’heure et parfois une matinée. Il les raconte sans sourire, au rythme solennel de son chasse-mouches. Il conte sans interruption, sans boire ni se racler la gorge, sans agiter les mains, ni occuper ses doigts.


 

   CHAPITRE V

 
RESUME
 
        La Achoura approche. Le fqih annonce la nouvelle à ses élèves et leur demande de peindre les murs du Msid où on célébrera la fête. Après avoir participé aux travaux, Sidi Mohammed retourne à la maison   mais il n’y trouve pas sa mère. L’absence de cette dernière suscite en lui un effroyable sentiment de peur et de solitude. Lorsque Lalla Zoubida rentre chez elle, elle raconte la mésaventure de Moulay Larbi à Fatma Bziouya mais en paroles chuchotées. Sur ces entrefaites, on annonce le décès de Sidi Mohammed
ben Tahar. Ce triste événement interpelle vivement   l’enfant qui commence à méditer sur la vie et la mort.

Toujours fidèle à ses habitudes en cas de détresse, le petit garçon essaie de se consoler par le bruit des objets qui l’entourent, et surtout par l’aspect magique des trésors que renferme sa Boîte à Merveilles.
 
AXES DE LECTURE

I- Un grand bonheur en perspective

La fête de la Achoura qui est évoquée tout au long des chapitres V-VI et VII se pré sente comme une occasion rare qui arrache les enfants à leur calvaire quotidien. L’attitude aimable du fqih et l’ambiance sereine   qui règne à l’école procure des moments   de joie intense à Sidi Mohammed :
- Je n’avais jamais vu le maître du Msid aussi souriant que le mercredi.
- Pas un élève ne reçut la bastonnade. La verge de cognassier devenait un accessoire de fantaisie, un de ces objets que l’on tient pour occuper les doigts.
- Tous les élèves viendraient pour inaugurer la nouvelle année dans la joie et dans le travail.
- Enfin, à notre grande joie, nous eûmes congé pour le reste de la journée. Quel bonheur !
 
II- L’expérience de la solitude
 
La joie de l’enfant ne tarde pas à disparaître. A la maison, Fatma Bziouya l’informe que sa mère est sortie avec Lalla Aïcha. L’enfant, habitué à la présence de sa mère qu’il accompagne partout à où elle va, se confronte pour la première fois à la solitude ; une solitude qui prend des proportions effrayantes au fur et à mesure que le temps passe :
- J’entrai. Les objets, ne me connaissent plus, ils m’opposaient un visage hostile. Ils s’amusèrent à m’effrayer, ils se transformaient en monstres , redevenaient objets familiers, empruntaient de nouveaux masques de bêtes d’apocalypse . Je me tenais sur un matelas, terrifié , la gorge sèche , attendant le retour de ma mère, seule personne capable de me délivrer de ces sortilèges . Je ne bougeais pas de peur d’exciter l’animosité des êtres qui m’épiaient derrière chaque chose. Des siècles passèrent.
III- Un récit éclaté
Nous ne connaissons pas la totalité de l’histoire de Moulay Larbi avec son associé. Le récit la concernant a été précédemment amorcé par Lalla Zoubida, mais le narrateur, mis à l’écart par les adultes, n’a pas pu nous donner davantage d’informations. C’est donc sa mère qui se charge de la relation des faits manquants, mais ces faits sont souvent entourés de mystère. Le lecteur reste donc constamment sur sa   faim.
- Ma mère, mystérieuse, lui fit promettre la plus grande discrétion. Ensuite, elle se lança dans un long discours chuchoté de bouche à oreille, accompagné de mimique, de larges gestes des deux bras, scandés de soupirs, illustré de hochements de tête.(…) Je savais qu’elle chuchotait quelque part à Rahma, la locataire du premier, la nouvelle histoire de Lalla Aïcha, après lui avoir fait promettre le secret. Je savais aussi que je n’avais qu’à attendre. Je glanerai un mot ici, un autre là, je saurai de quoi il s’agit.
Le dialogue qui s’engage entre Lalla Zoubida et Rahma, fréquemment ponctué de digressions [1], éclaire la lanterne du petit garçon qui découvre enfin le fin mot de l’histoire.

IV- La méditation sur la mort

Le décès de Sidi Mohammed ben Tahar incite le héros à s’interroger sur la nature de la mort en se basant sur ses propres repères. Mais ce qui attire son attention, c’est surtout l’élan spontané   des habitants du quartier qui partagent tous le malheur de la femme du défunt. Cet élan du cœur des gens simples de souche populaire est évoqué à plusieurs endroits du récit :
 
IV-1- Un élan spontané
- Je vais passer par-dessus le mur, cela me fera du bien d’aller pleurer un peu.(…) Elles étaient une vingtaine qui manifestaient bruyamment leur douleur.(…) certaines hoquetaient sans rien dire, d’autres invoquaient les saints, adressaient de ferventes prières à Dieu et à son prophète.(…) Ma mère parla de la douleur de la femme du coiffeur, cita les noms de quelques assistantes, avoua qu’elle ignorait l’existence de la mère.(…) Chacun de ses cris arrachait un puissant soupir à ma mère.(…) Les femmes de notre maison lâchèrent leur ouvrage. Elles se mirent à pleurer, à gémir près de leurs braseros et de leurs marmites.
IV-2- Tous les êtres sont mortels
L’expérience vécue par l’enfant dans la maison du défunt lui fait découvrir la vérité de la mort et tout   le   rituel   qui l’accompagne. Tout   le   monde tire de   cet événement une conclusion « éminemment
philosophique » : Tous les êtres sont mortels ; tôt ou tard viendra notre tour.
- Tout à l’heure, après les ablutions rituelles, il sera vêtu pour la dernière fois de blanc. Des hommes le porteront sur leur tête sur une confortable civière en bois de cèdre et iront l’enfouir dans la terre humide. La terre se refermera pour l’éternité sur Sidi Mohammed ben Tahar. Je rêvais à tout cela.
-Je me jetai dessus et continuais à penser à l’enterrement du coiffeur. Je le voyais étroitement cousu dans sa cotonnade blanche, rigide sur sa civière recouverte d’un toit, voyager sur une mer de têtes enturbannées.
- J’avais même vu des morts découverts, posés simplement sur la civière et sans personne pour les accompagner à leur dernière demeure. J’avais trouvé cela   infiniment triste.
L’histoire racontée par Maâlem Abdeslam à son fils confirme le constat de l’enfant. Les gens participent en grand nombre au cortège funèbre des hommes riches mais ils n’accompagnent pas les pauvres à leur dernière demeure. Cette triste révélation marque durablement Sidi Mohammed qui finit par avoir un malaise, un malaise où il voit planer partout le sinistre spectre de la mort :
- Peut-être aurais-je derrière mon cercueil des anges beaux comme la lumière du jour.
- J’imaginais le cortège ; quelques personnes du quartier, le fqih de l’école coranique, mon père, plus grave que jamais et des anges, des milliers d’anges vêtus de soie blanche. A la maison, ma mère pousserait des cris à se déchirer le gosier ; elle pleurerait pendant des jours et pendant des nuits. Elle serait toute seule le soir pour attendre le retour de mon père.
 

V- Le sens des bruits et des objets

 
Chaque fois que la communication devient impossible avec les adultes ou même avec les enfants de son âge, Sidi Mohammed instaure un dialogue avec les objets qui l’entourent et qui lui parlent comme des êtres humains. C’est sa façon à lui de rompre avec le monde réel et de plonger dans un univers imaginaire qui lui prodigue d’intenses moments de féerie :
- Notre vieux soufflet se fit de nouveau entendre. Il était fatigué et ne savait dire que ces mots : Des mouches ! Des mouches ! des mouches !
- Celui de Rahma variait son répertoire. Parfois il prenait plaisir à répéter : J’ai chaud ! J’ai chaud !   ou alors : je souffre ! je souffre !
- Je cessais d’écouter les soufflets. D’autres bruits venaient me distraire. Des explosions d’étincelles roulaient comme des billes qui se répandaient sur le parterre en mosaïque (…) Un pigeon roucoula sur la terrasse. Il disait des mots si jolis que je souriais aux anges.
-Un gros bourdon ( …) claqua contre le mur (…) et se projeta violemment sur la fenêtre de notre chambre, sur le verre de la lampe à pétrole. Le verre tinta mais résista au choc. Cette visite m’enchanta. Je me mis à rire et à taper des mains.(…)
- La chaînette délicatement travaillée absorba mon attention. Je la contemplais longtemps.(…) Ma chaîne se changea en bijou d’or.(…)
 Les plus humbles de mes boutons et de mes clous, par une opération de magie dont j’avais seul le secret se muèrent en joyaux.(…) Absorbé dans la contemplation de mes trésors, je n’avais pas vu entrer le chat de Zineb.
 
 
 

                                                                                CHAPITRE VI

 
RESUME
 
Les préparatifs de la Achoura commencent. Au Msid, les élèves se répartissent les tâches. Certains lavent le sol à grande eau, d’autres blanchissent les murs avec du lait de chaux. Ces activités inaccoutumées se déroulent dans une ambiance pleine de joie et de spontanéité. A la maison, Lalla Zoubida informe son fils qu’elle compte lui acheter de nouveaux vêtements à la Kissaria. La perspective d’une sortie en médina emplit le jeune garçon de bonheur.
De retour à Dar Chouafa, le narrateur rapporte le récit de Rahma à propos de l’oncle Othmane et son épouse. La manière dont la conteuse raconte les faits subjugue tout son auditoire. Sidi Mohammed   en garde une très forte impression.

AXES DE LECTURE
I- Les préparatifs de la fête
 
I-1- Au Msid
Le Msid, assimilé auparavant   à un lieu de refoulement et de vexations, devient un espace agréable où les enfants s’épanouissent dans une ambiance faite de rire, de cris et de disputes finalement tranchées par le maître des lieux :
- Le travail commença. Dans un vacarme d’injures, de pleurs et d’éclats de rire, quelques uns s’emparèrent des têtes de loup…
- Dans l’eau jusqu’aux chevilles, pieds nus, bousculé pare celui-ci, insulté par celui-là, j’étais heureux ! Adieu la leçon, les récitations collectives, les planchettes   rigides, rébarbatives, inhumaines !
- Devant mes parents, je me vantai de mes multiples exploits. Je réussis à la convaincre que sans moi aucun résultat sérieux n’aurait été obtenu. Mon père me félicita.
 
I-2- A la maison

La joie de la fête continue à la maison. Lalla Zoubida tient à habiller son fils comme il faut pour la grande occasion. Les jours heureux que Sidi Mohammed s’apprête à vivre le submergent de bonheur.
- Ce matin, je me sentais capable de bonté, d’indulgence, j’étais d’une générosité sans bornes. Je pardonnais à Zineb (…) Je pardonnais à son chat (…) Je pardonnais aux mardis d’être des jours trop longs, à la baguette de cognassier de mordre si souvent (…) je pardonnais aux jours de lessive (…) je pardonnais à tout le monde.
Le bonheur de l’enfant prend des proportions merveilleuses. Sidi Mohammed ne se considère plus comme un simple enfant ivre d’extase, mais comme un chevalier intrépide, un prince de conte entouré de splendeurs :
- Je montai sur la terrasse où personne ne pouvait me voir éparpiller aux quatre vents l’excès de joie dont je me sentais déborder. Je courais, je chantais. La baguette devenait un sabre . Je la maniais avec adresse. Je pourfendais des ennemis invisibles, je coupais la tête aux pachas (…) La baguette devenait cheval (…) J’étais le cavalier courageux.(…) Le rouge du gilet prenait des tons de velours cramoisi. Une belle couleur profonde , discrète et royale à la fois qui m’enivrait. Je me sentais gonflé d’un noble orgueil. Ce vêtement était le mien. Le jour de la Achoura, j’allais éblouir nos amis et connaissances. Les élèves du Msid me parleraient avec déférence. Aux princes de légende , petits et grands s’adressaient avec respect. Ne serais-je pas un prince de légende avec ce gilet somptueux, ma future chemise de qualité « poisson » et la paire de babouches.(…) Je me mis sur le dos et entrepris de composer un menu fastueux pour le jour où, prince reconnu et aimé , j’aurais à recevoir des personnes de mon rang.(…) Moi, je serai habillé en blanc. Sur la tête, je mettrai le bonnet conique d’un rouge amarante, apanage des gens de cour et des derviches. Des esclaves noires nous serviront dans des plats de porcelaine .
DOCUMENT
                                  Achoura, fête de l’enfance, de la famille et des traditions
Le Maroc célèbre, demain 10 Moharram, l’Achoura ; une fête qui est perçue, depuis des siècles, comme celle de l’enfance. Cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable. C’est aussi un jour de partage et de charité. Au cours de cette journée, en effet, les enfants donnent libre cours à leur joie.
        A   cette   fête   se   sont greffées des traditions telles que la visite des cimetières, la distribution des friandises et de nombreuses pratiques à caractère carnavalesque : feux rituels, aspersion d’eau des passants, etc. La tradition veut aussi que l’on offre des jouets aux enfants. Un rituel peut accompagner la fête : les familles se régalent d’un couscous au "gueddid" (viande séchée de Aïd El Kébir). Elles achètent des noix, des amandes et des dattes et font brûler de l’encens tout au long de leurs veillées.
Cette coutume a, cependant, tendance à disparaître progressivement ; la plupart des parents se contentant d’acheter des jouets à leurs enfants.
Jadis, les "derboukas", "bendirs" et "taârijas" étaient les seuls jouets offerts en l’occasion. Aujourd’hui, ce sont plutôt les pistolets à eau, les poupées, les pétards et les jeux vidéo qui remportent le plus de succès. Le lendemain de l’Achoura, c’est "Zem-Zem". Les enfants y disposent d’une totale liberté pour asperger voisins, amis et passants. Garçons et filles, dont l’âge n’excède pas 12 ans, trottent dans les rues à la recherche d’une proie ou d’un point d’eau pour s’approvisionner. Pistolets à eau, bombes à eau, sacs et ballons de plastique, seaux... Tous les récipients sont mobilisés pour l’événement. Les pétards sont également de la partie. Le soir, la fête continue avec la "chouâla" (feu rituel). Ailleurs, dans le monde chiite, l’Achoura est le jour anniversaire du martyre du second et dernier fils de l’Imam Ali, Sidna Al Hosseïn. En ces pays, la célébration de l’Achoura donne lieu à des représentations théâtrales (les tazieh) et à des cérémonies expiatoires (flagellation, etc.)."
                                                                                                                                  LE MATIN du 23/03/2002                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      
                                                                                                          
II-Le récit de Rahma
Rahma s’avère une excellente conteuse. Son discours oral, savamment intégré dans le roman, s’annonce captivant dès le début. La jeune femme ne se contente pas de rapporter les faits. Elle se comporte exactement comme un conteur dans une halqa. Elle pique la curiosité de son auditoire et joue sur ses attentes. Quand on pose la question comment Khadija   traite son mari, Rahma répond qu’elle connaît «   une histoire fort amusante » sur le ménage, mais qu’elle est un peu longue. L’obstacle qu’elle pose n’est en réalité qu’une feinte et une invitation à l’écoute de son récit. La réaction du public qui l’entoure ne se fait pas attendre : « Raconte Rahma, raconte-là ! demandèrent les femmes d’une seule voix. » .Ce n’est donc pas l’histoire en elle-même   qui   est intéressante, mais la manière de la relater.
Après avoir gagné la faveur de ses auditrices, Rahma se lance dans la narration et y met constamment du sien. Elle raconte l’histoire comme si elle en était l’unique témoin, or le narrateur a déjà précisé qu’elle la tenait de Lalla Mbarka, l’ancienne esclave de l’oncle Othmane. Les femmes de Dar Chouafa fascinées par l’art de Rahma, abandonnent leurs tâches ménagères. Le temps paraît comme suspendu à la maison : «  J’allais me pencher à la fenêtre, aux côtés de ma mère. Toutes les femmes avaient abandonné leurs besognes et s’accoudaient aux grilles et balustrades de leurs balcons. Lalla Kanza sortit un vieux tapis de prière , s’installa pour écouter dans le patio. »
L’atmosphère de l’audition est décrite dans un commentaire du narrateur pour souligner les réactions des auditrices au fur et à mesure que progresse le récit de Rahma : « Tout le monde riait aux larmes. Rahma savait si bien raconter… Les femmes hurlaient de joie. Moi, je trépignais d’enthousiasme. Je réclamai la suite…Nous riions à nous tordre…Tout le monde fit des compliments à Rahma sur sa façon de peindre les événements les plus insignifiants. Ses propos avaient du sel… Le récit de Rahma m’obséda toute la soirée, la nuit, j’y rêvai encore. »
          CHAPITRE VII
 
RESUME
          Tout le monde, petits et grands, se prépare à la célébration de la Achoura. Les femmes se confectionnent de belles robes et les enfants sont parés de jolis vêtements neufs. Le Msid brille de mille feux et les rues sont encombrés de gens qui veulent acheter des jouets à leurs petits. Sidi Mohammed   accompagne son père chez le coiffeur pour se faire couper les cheveux. Il rapporte en détail les conversations qui se déroulent   dans la boutique   de Si Abderrahmane et qui lui inspirent un profond dégoût. De retour à la maison, le jeune garçon assiste à la cérémonie organisée par les femmes de Dar Chouafa. Le bruit des tambourins fuse de toutes parts accompagné de danse et de chants. Tout baigne dans une atmosphère de joie festive.

AXES DE LECTURE
I- Au cœur de   la tradition
 
1-1- Le social et le religieux
            Spectacle en public à Fès.
Le chapitre VII, entièrement consacré à la Achoura, raconte avec vigueur la célébration de cette fête où le social et le religieux cohabitent en parfaite harmonie. Cette partie du roman peut être considérée comme un précieux document qui décrit fidèlement le Maroc traditionnel. On y trouve tout ce qui se rapporte à l’événement : les instruments de musique, les vêtements, les jouets, les chants et le sentiment de tolérance générale éprouvée à cette occasion. Les animosités disparaissent et cèdent la place à un bonheur spontané.          
L’auteur restitue tout cela dans un style sobre qui va droit à l’essentiel pour ne pas faire trop languir le lecteur :
- Les femmes de la maison s’achetèrent toutes des tambourins.
- Maintenant, chacune de nos voisines faisait ses gammes, jouait pour elle-même …(…) ; La veille, mon père m’avait offert une trompette très fruste en fer-blanc.(…) ; Dans toute la ville, les femmes essayaient leurs tambourins . Un bour-donnement sourd couvrait l’espace.
- L’équipement des lustres pour la nuit de la Achoura réclamait
 le concours de toutes les maisons (…) Les grands, suspendus à une échelle branlante, accrochaient aux auvents des fenêtres et au plafond de la salle des lustres en fer forgé.(... ); Des femmes richement habillées se penchèrent sur les murs pour nous admirer.
- Elle comptait me réveiller à la première heure du jour pour aller au Msid commencer l’année dans la joie, le travail et la récitation des verstes sacrés.(…) ; La lumière brillait à toutes les fenêtres de la maison. Hommes et femmes commençaient l’année dans l’activité.(…) ; Les passants que nous rencontrions me souriaient avec bienveillance.(…) ; Cette impression de fête fabuleuse s’accentua lorsque je poussais la porte du Msid.(…) Je scandais les verstes coraniques avec conviction. D’autres élèves arrivèrent. Le paquet de cierges grossissait à côté du fqih.(…) ; Ce matin, les objets les plus ordinaires, les êtres les plus déshérités mêlaient leurs voix aux nôtres, éprouvaient la même ferveur, s’abandonnaient à la même extase…(…) ; La rue était maintenant très animée. Presque tous les passants étaient habillés de neuf (…) ; Le soir, des bouquets de femmes richement vêtues ornaient toutes les terrasses. Les tambourins résonnaient, les chants fusaient de partout.
II-Les petits métiers
La tradition est également faite de petits métiers dont certains s’épanouissent pendant la Achoura (vente de tambourins, de jouets et de tissu). Dans cet épisode, le narrateur s’attarde sur le métier de coiffeur, une activité qui s’intéresse aussi bien à l’organisation des fêtes, qu’ à la chirurgie et la pharmacie :
- Les barbiers participent à de nombreuses cérémonie familiales. A ma naissance, mon père montagnard transplanté dans la grande ville, désirait néanmoins fêter dignement mon arrivée au monde. Si Abderrahmane lui fut d’un excellent conseil. Il vint selon l’usage, accompagné de deux apprentis, placer les invités et faire le service pendant le repas.
- Nous le trouvâmes occupé à pratiquer une saignée . Demande aux gens de ta maison de faire frire dans du beurre un oignon blanc finement haché. Mélange à cet oignon deux cuillerées de miel, de l’anis, et des grains de sésame, ajoute du gingembre et de la cannelle, parfume l’ensemble avec trois clous de girofle. Si tu absorbes une bouchée chaque matin, tes malaises disparaîtront.  
La boutique de Si Abderrahmane est aussi un espace qui favorise la communication. Les conversations   pleine d’anecdotes et de plaisanteries que l’enfant ne trouve pas toujours à son goût, gravitent autour de différents sujets et révèlent l’image que les adultes se font des jeunes :
- Il faut toujours être très bien avec son maître, sinon gare à la baguette de cognassier (…) Tout le monde se mit à rire. La baguette de cognassier n’a rien de risible.
                       Souk de Fès
- Depuis quand, repartit le coiffeur, les jeunes gens ont-ils leur mot à dire quand il s’agit de ces graves problèmes(…) Il leur manque l’expérience des gens mûrs.

CHAPITRE VIII

RESUME

         La vie reprend son cours normal après la Achoura. Sidi Mohammed fait de grands progrès au Msid. Dans ses moments libres, il s’abandonne à ses rêveries habituelles qui l’éloignent du monde réel et ses interminables tracas. Un jour, son père l’emmène avec sa mère au souk des bijoux pour acheter une paire de bracelets à Lalla Zoubida. Cette sortie est perturbée par un regrettable incident causé par un courtier, mais les choses ne tardent pas à rentrer dans l’ordre.

AXES DE LECTURE
I- Le songe
Comme à l’accoutumée, Sidi Mohammed se réfugie dans le rêve pour   rompre tout lien avec la vie quotidienne qui devient de plus en plus insupportable. Le rêve devient alors un moyen pour compenser les privations du héros dans le monde réel :
- A cette   recréation, je devais tout mon entrain. Mon esprit s’échappait des étroites limites de l’école et s’en allait explorer un autre univers, là il ne subissait aucune contrainte.
- Dans cet univers, je n’étais pas toujours un petit prince auquel obéissaient les êtres et les choses, il m’arrivait parfois de devenir homme, l’homme que je souhaitais être plus tard.
- Je me voyais simple et robuste, portant des vêtements de laine grège, les yeux pleins de flamme et le cœur débordant de tendresse (…) ; La nuit, sous ma couverture, je poursuivais le même songe.
-Je construisais et reconstruisais ma vie avec ses multiples aventures, ses rencontres, ses actions d’éclat, ses inévitables obstacles jusqu’au moment où d’immenses îlots noirs venaient séparer les éléments patiemment ajustés et rendre au chaos ce monde à peine naissant. (…) ;Tout se brouillait. Dans le noir de la nuit, surgissaient de temps à autre, comme emportés par le remous, les fragments épars de mon univers (…) Et s’il me plaisait à moi d’être roi !


II- l’incident des bijoux

La scène des bijoux n’est pas aussi insignifiante qu’elle n’en a l’air. Elle met en évidence l’écart qui oppose deux conceptions : celle de l’enfant et celle des adultes. Sidi Mohammed raisonne selon sa propre logique. Il déclare spontanément que « les bijoux c’est beau comme les fleurs. » Les adultes qui croient détenir la vraie logique éclatent de rire.   Cette réaction creuse un profond   fossé entre le petit et les grandes personnes :
 « Je réfléchis très profondément à la conversation du déjeuner. Comparer les bijoux à des fleurs était-ce signe de stupidité ? »
              La médina de Fès
Depuis cet incident, l’enfant s’éloigne des adultes comme il s’est déjà éloigné des garçons de son âge. Il est désormais voué à la solitude, une solitude que seule sa Boîte à Merveilles est capable de combler.

CHAPITRES IX-X-XI-XII

RESUMES
Chapitre IX :   Sidi Mohammed tombe malade. Sa mère s’affaire à son chevet et les voisines ne cessent de demander de ses nouvelles. Allongé sur un matelas, l’enfant écoute la conversation de ses parents : son père a perdu tout son argent qu’il gardait dans un mouchoir. Lalla Zoubida   s’affole à l’annonce de cette nouvelle. Son mari tente de la calmer sous   le regard silencieux du   garçon alité. Enfin, il prend la décision   d’aller travailler ailleurs comme moissonneur pour redresser la situation.
Chapitre X : Le départ de Maâlem Abdeslam dérègle complètement l’existence de son fils. Lalla Zoubida fait de son mieux pour surmonter la dure épreuve en s’efforçant de cacher son chagrin. Un jour, Lalla Aïcha propose à la mère du narrateur   de rendre visite à Si El Arafi, un fqih réputé pour la guérison des âmes tourmentées. L’enfant éprouve une étrange sensation devant cet homme aveugle qui parle avec éloquence et sagesse. De retour à la maison, Lalla Zoubida reçoit un homme envoyé par son mari. Les présents qu’il lui remet de la part de Maâlem Abdeslam lui réchauffent le cœur ainsi qu’à son enfant.
Chapitre XI : Sidi Mohammed et sa mère se rendent chez Lalla Aïcha. Là, ils trouvent Salama qui raconte dans quelles circonstances elle a arrangé le mariage de Moulay Larbi avec la fille du coiffeur. Mais le couple qu’elle a réuni se heurte à beaucoup de problèmes. Il finit par se séparer à cause de la différence d’âge. Moulay Larbi, regrettant sa folie, manifeste l’envie de reprendre sa vie avec Lalla Aîcha. Zhor, une jeune fille que le g héros trouve fort belle, se mêle à la conversation et achève le récit de Salama. Complètement absorbés par les histoires qui se succèdent, Sidi Mohammed ne prête aucune attention à ce qui se passe autour de lui.
Chapitre XII : Les jours se suivent et se ressemblent. Après une longue absence,   Maâlem Abdeslam rentre chez lui chargé de différentes denrées alimentaires. Sa femme et son fils trépignent de joie à sa vue. Les habitants de dar Chouafa, quant à eux, lui réservent un accueil des plus chaleureux. Moulay Larbi divorce de sa jeune épouse. Aucun obstacle ne peut empêcher sa réconciliation avec Lala Aïcha désormais.
AXES DE LECTURE
I- Un personnage itinéraire
Comme de nombreux personnages évoqués dans le roman et qui contribuent, chacun à sa manière, à l’instruction de Sidi Mohammed, Si El Arafi exerce une étrange influence sur le héros. Son éloquence, sa paix intérieure et sa cécité qui passe presque inaperçue, forcent l’admiration du jeune garçon. En sa présence, ce dernier oublie le monde des adultes caractérisé par la violence des propos, la violence physique, la tromperie et l’hypocrisie. Il se croit parler à un sage de contes, dans un univers placé dans les hautes sphères célestes :
- Sa figure   rayonnait de bonté (…) ; Les globes laiteux qui remplissaient ses orbites ne m’inspiraient aucune frayeur. Je m’avançai. Je mis ma main dans la sienne. Je posai mes lèvres sur ses doigts .
- L’émotion m’étranglait. Mes yeux se remplirent de larmes. Je nageais dans la pure félicité.
 Le discours serein du vieil homme, plein de métaphores, fascine littéralement le petit garçon :
- A l’intérieur de cette masse transparente, il y a l’image du soleil. Là, elle est à l’abri de toute souillure, là elle est inaccessible à tout ce qui n’est pas lumière. Sois cette image, tu triompheras de tous les obstacles.(…) La tempête emporta le pauvre nid dans ses tourbillons, mais avec l’aide de Dieu, le nid sera de nouveau   reconstruit. Il y aura de nouveau un printemps et des fleurs sur les branches des amandiers.
 
II- L’ivresse verbale
L’histoire de Moulay Larbi, gardée secrète jusqu’à présent, est d’abord racontée par Salama qui dévoile à Lalla Aïcha les raisons qui ont poussé son époux à la quitter. L’intervention de Zhor quant à elle insiste sur les problèmes de ménage que rencontre le vieil homme avec sa jeune femme et qui annoncent l’imminence du divorce. Dans les deux récits, les narratrices se basent sur des faits glanés par ci par là et constamment nourries de rumeurs : « Des gens ! A Fès, personne n’ignore rien sur personne. » ; « Pourtant, tous les habitants du quartier El Adoua sont au courant des d1ifficultés que rencontrent quotidiennement Moulay Larbi auprès de sa jeune épouse. »
         Elles meublent le vide que le narrateur n’a pas pu combler faute d’informations. Comme dans le récit de Rahma, les auditrices manifestent dans cesse leur désir de tout connaître :
- Raconte, Salama, ne nous fait pas languir. Raconte ! Raconte, Salama ! Raconte ! réclamèrent avec avidité les deux femmes.
Sidi Mohammed finit par céder au charme des récits entendus. Son émerveillement traduit la profonde influence qu’exerce la tradition orale sur les jeunes esprits. Le roman n’est-il pas constamment enrichi de petites anecdotes racontées par de nombreux narrateurs qui maîtrisent   tous l’art de conteur ?
- J’étais attentif à la seule musique des syllabes . J’écoutais si intensément que j’oubliais le verre
de thé que je tenais à la main. Mes doigts se relâchèrent. Le thé se répandit sur mes genoux. L’ivresse verbale prit fin brusquement.
 En accordant à ces historiettes orales une place centrale dans son œuvre, Sefrioui rend un vibrant hommage aux récits des   petites gens souvent nourris de ragots et de médisance.
III- Deux intrigues parallèles
L’histoire de Maâlem Abdeslam et celle de Moulay Larbi marquent nettement le chapitre XII. Elles commencent bien avant et rappellent la quête entreprise par les héros de contes pour rétablir l’équilibre initial brisé par un événement imprévu. Le parcours des deux personnages est presque identique comme l’illustre le tableau ci-dessous :
 

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