vendredi 11 mai 2012

Une Vieille Dame, des hommes forts

Neuf ans après son dernier Scudetto et six après le scandale du Calciopoli, la Juventus Turin a décroché dimanche le 28e ou le 30e titre de son histoire, selon son niveau d'indulgence. Une récompense méritée pour un club toujours invaincu cette saison et qui a dû repartir de zéro pour laver ses péchés d'orgueil. Focus sur les six chirurgiens d'une Vieille Dame à la plastique irréprochable.

Antonio Conte a l'ADN de la Juventus dans le sang. (Reuters)Antonio Conte a l'ADN de la Juventus dans le sang. (Reuters)
Antonio Conte, le guide
Ce Scudetto, c'est avant tout le sien. Celui d'un homme qui porte le leitmotiv juventino - "A la Juve, gagner n'est pas important ; c'est juste l'unique chose qui compte" - dans ses gênes. Au contraire de ses prédécesseurs, Antonio Conte, capitaine d'une époque dorée avec Zizou et Cie (une Ligue des champions, cinq titres nationaux), a cette culture de la gagne et avait d'ailleurs été choisi par la famille Agnelli pour "transmettre sa motivation et sa rage de vaincre". Mais cet entraîneur à l'expérience somme toute limitée en Serie A s'est révélée être aussi un fin tacticien en trouvant sans cesse des solutions dans un effectif homogène mais parfois limité. Ses joueurs, Claudio Marchisio en tête, ne se sont pas trompés au moment de commenter cette rédemption. "Le coach a vraiment été l'élément clé qui a donné un caractère au groupe et une identité". Un futur grand.

Gianluigi Buffon, le gardien du temple
Il a tout connu avec la Juve: les sommets, la Serie B, les galères et maintenant la consécration. Gianluigi Buffon, au club depuis 2001, a même vécu la semaine dernière dans la peau d'un traître après son erreur coupable contre Lecce. Mais le destin a vengé celui qui commande la meilleure défense du pays (seulement 19 buts encaissés, 8 à l'extérieur) en lui offrant une joie "encore plus belle que celle du Mondial 2006". Ce n'est que récompense pour le relais de Conte sur le terrain, redevenu à 33 ans l'un des tous meilleurs gardiens du monde. Son dos l'a enfin laissé tranquille et "Gigi" a recouvré ses sensations et toute sa félinité.

Andrea Pirlo, l'architecte
A l'intersaison, l'AC Milan et la Juventus pensaient avoir réalisé le coup de l'été. La formation lombarde était soulagée d'avoir pu se débarrasser d'un joueur cramé physiquement tandis que son homologue piémontaise qualifiait d'"affaire du siècle" la possibilité de prendre gratuitement un joueur de son niveau et de sa valeur. Il n'a fallu que quelques rencontres, le temps pour la "Fée clochette" de distribuer les tours de magie (13 passes décisives) et de faire parler sa science du jeu, pour s'apercevoir de la bêtise des dirigeants rossoneri. Car, le chef d'orchestre, qui n'a plus perdu un match de Serie A depuis 480 jours, a interprété sa partition sans fausse note, celle de la mélodie du bonheur. "The Artist", c'est lui.

Arturo Vidal, le Monsieur plus
Le petit milieu chilien incarne la réussite du mercato juventino (Lichtsteiner, Vucinic, Pirlo, Caceres). Rien ne laissait pourtant présager d'un tel triomphe au sujet d'un guerrier parfois brouillon en Bundesliga et abonné à la rubrique des faits divers. Et c'est au printemps que son influence - grinta à la récupération et projection vers l'avant - s'est faite ressentir avec une énergie toujours positive et des buts décisifs (contre le Napoli et la Roma). Son association avec Pirlo et Claudio Marchisio (pas cité mais essentiel dans le système bianconero) dans l'entrejeu est ce qui se fait de mieux en Europe, en terme de complémentarité.

Mirko Vucinic, le virtuose
Ce n'est un secret pour personne, la Vieille Dame cherche activement un buteur pour la saison prochaine. Cette quête de la perle rare avait commencée bien avant que son meilleur intermittent du spectacle, le talentueux mais irrégulier Mirko Vucinic, ne signe un CDD en or lors des dix derniers matches de la saison (cinq buts). L'attaquant monténégrin est un élément toujours difficile à juger, capable de rater les gestes les plus élémentaires avant de réussir une action d'un autre monde. Mais ce fou à lier, parfois incompris par les tifosi, a souvent changé le cours d'un match sur un éclair d'un génie. Il a juste besoin d'être mieux entouré pour être libre de ses inspiration. Et la Juve semble l'avoir compris.

Alessandro Del Piero, le personnage caché
Comment imaginer qu'"il Pinturicchio", l'homme aux 700 tableaux de maître, puisse quitter le club de son coeur, de sa vie cet été ? Même sur une telle happy end. Personne en Italie comprend que le président Agnelli ne souhaite pas renouveler le contrat d'une légende, certes vieillissante (37 piges), qui a tant apporté à la Juve (meilleur buteur de l'histoire des Bianconeri avec 179 réalisations) et encore capable de lui rendre de sacrés services. Blasphème ! S'il n'a que très peu joué cette saison (21 matches, 2 buts), Alessandro Del Piero a su remiser ses états d'âme, naturels pour un tel champion, pour sortir du placard dans le money-time (coup franc "delpierien" contre la Lazio à la 32e journée). Ce seigneur du foot mérite de jouer et de gagner la finale de Coupe d'Italie le 20 mai prochain. En guise d'adieu...

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